“Tout est mieux que de faire ce que je suis censé faire.” -Maureen Johnson
Procrastiner, c'est ajourner une action, la différer, la remettre à des lendemains indéfinis.
Cette définition pose deux questions:
- Quelle est donc cette action qu'on prend tant de soin à différer?
- Mais que fait le procrastinateur pendant qu'il diffère?
Procrastiner, c'est faire autre chose que ce qu'il faut faire
Le procrastinateur diffère une action qu'“il faut” faire. Peut importe que cette injonction lui vienne de l'extéreur ou qu'il se l'applique à lui même, le résultat est là: quelque chose est identifié comme étant à faire…. et n'est pas fait.
Si ce qui est “à faire” était la chose la plus motivante et agréable qui soit, elle serait certainement réalisé sans problèmes. La tâche à réaliser fait partie de celles vers lesquelles le procrastinateur ne se dirigerait pas spontanément. Elle peut être certainement très utile et importante, elle ne parvient pas au rang de “tâche prioritaire”.
Elle est quelque chose qu'il faut faire, mais qu'on n'a peut-être pas suffisamment envie de faire, quand bien même elle serait rationnellement choisie!
Procrastiner autorise un joli paradoxe: on peut tout à la fois ne pas faire, et de faire. Ne nous inquiétons pas, ce qui n'est pas fait maintenant sera fait plus tard! L'action à faire a suffisamment de poids pour ne pas être rejetée, mais pas assez pour être exécutée sur-le-champ. Au fond, ce n'est pas elle qui est réellement choisie dsn le présent.
Que fait le procrastinateur?
S'il diffère, il ne fait pas rien. Bien souvent, le procrastinateur est absorbé dans d'autres tâches jugées a posteriori futiles voire inutiles, et de préférence chonophages. Elles ont l'avantage d'occuper le champ et de ne pas faire ce qu'on s'est dit qu'on devrait faire. Le procrastinateur est actif. Mais alors, pourquoi remplacer une action prévue par une autre action presque illégitime? Quel est le moteur qui est à l'oeuvre?
L'erreur serait de considérer la tâche accomplie en procrastinant, du point de vue de son utilité. En adoptant ce regard, on ne voit qu'une évidente perte d'un temps précieux qui aurait pu être utilement employé à d'autres fins, y compris aux yeux du procrastinateur lui-même!
Et si procrastiner avait une valeur ajoutée?
Que se passe t il pendant qu'on procrastine? Dans quel état se trouve le procrastinateur?
Bien souvent, pour peu qu'on regarde avec honnêteté, la procrastination fait vivre des moments plus agréables que ceux qu'on imaginerait vivre en exécutant l'action initialement prévue. Elle permet de s'adonner à une activité certes jugée non productive mais valorisée immédiatement (plaisir, détente, libération de tensons …). Elle porteuse d'une forme de plaisir, que ce soit dans l'envie de faire ce qu'on fait ou dans l'état qu'elle procure. Se donner le temps d'observer la nature de ce plaisir peut-être riche d'enseignements sur ce vers quoi l'on tend spontanément. C'est comme une lumière qui éclairerait des recoins éloignés auxquel on a peu pris l'habitude de donner de la place.
Qu'est-ce que ce que je vis en procrastinant peut m'apprendre sur moi-même? Sur mes intérêts? Sur ce que dont je cherche à m'éloigne et sur ce que je cherche?
Une situation
Un homme s'en veut de procrastiner. En se mettant à l'écoute de son état, il se juge incapable de tenir un projet, un engagement. Il n'est pas en mesure d'honorer tous les “il faut” qu'impose sa liste de choses à faire.
Qui a dit qu'il fallait?
Il se souvient, lorsqu'il était petit, qu'il n'avait le droit d'aller jouer que lorsque ses devoirs (sic) étaient faits. Et l'évidence le frappe de plein fouet: maintenant, il est grand, il peut aller jouer avant d'avoir fait ce qui était obligatoire et non choisi. Il peut aller vers ses envies.
Sa procrastination d'aujourd'hui n'est plus vue comme une fuite. C'est un élan vers la vie, la créativité, vers des choses que l'enfant n'a pas vécues. Un élan vers sa justesse du moment.
La procrastination, c'est arbitrer entre “il faut” et “ceci est juste pour moi”.
Mettre de la lumière sur ce qui motive le choix de différer les obligations pour aller ailleurs, permet de voir plus clair dans ce que la procrastination permet de goûter.
Oser écouter le voix qui dit “ceci est juste pour moi”. Oser l'entendre sans y succomber automatiquement. Elle parle certainement d'authenticité. Elle dit peut-être combien il serait bon de faire immédiatement ceci à la place de cela. A cette voix-là, on pourrait posser deux questions:
- “quelle est la chose que tu aurais plaisir à faire (tout de suite)?” et
- “quelle est la chose que tu aurais du plaisir à avoir faite?”.
Y a t il un choix à faire? Si oui, entre deux plaisir, quel est le plus puissant?
Et si l'on écoutait la procrastination comme un indicateur pointant vers sa justesse.
Mettre de la lumière sur tout ceci est certainement un chemin qui permet réduite la pression des “il faut” en laissant de la place à ce qui est juste pour soi afin de vivre à la fois du juste et du plein.
Et vous, procrastinez vous parfois? Qu'est-ce qui se vit au moment où vous êtes plongés dans l'action procrastinatrice?
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