LA RECONNAISSANCE

Reconnaître, c'est valider (reconnaître la pertinence d'un avis). C'est aussi retrouver, identifier à nouveau (reconnaître un lieu, une personne)

Avoir de la reconnaissance c'est éprouver de la gratitude

Si on joue un peu sur le mot, la reconnaissance, c'est permettre à un être de se sentir être (reconnecter à l'être: reconnêtre(?)). La reconaissance, c'est s'offrir la possibilité de naître (d'être?) à nouveau ensemble. Ces êtres que nous avoins été et/ou donc nous sommes issus, sont-ils des amis vivants ou bien sont-ils des oubliés de notre conscience? Cet aspect est un axe fondamental de la maïeusthésie, qui est une naissance de soi à soi.

naissance ⇒ co-naissance ⇒ re-co-naissance

L'opposition positif / négatif n'est pas de l'ordre bien / mal, mais elle différencie ce qui est de ce qui n'est pas.

Lorsque quelqu'un est souffrant, on cherche naturellement à l'apaiser ("ça va passer", ce n'est pas grave", ce n'est rien" …). Si je vis une grave catastrophe, le reconnaître est "positif" (= reconnaître ce qui est). Dire que ce n'est pas grave est "négatif" (= nier ce qui est). Si je suis souffrant, je n'ai pas besoin qu'on m'explique que "ce n'est pas grave, que "ça va passer" ou pire,  que "ce n'est rien". Toutes ces réactions, qui partent d'une excellente intention ont un effet pervers: elles minimisent le malaise ressenti. Ne pas reconnaître le ressenti, c'est le nier, et se couper de la possibilité d'apaisement que vit la personne lorsqu'elle est  entendue. Nous sommes dans l'exact opposé de la reconnaissance. En voulant apaiser, nous cotoyons le déni.

Tenter de calmer une personne revient à nier ce qu’elle ressent.!

Il ne s'agit pas d'abandonner l'autre à sa souffrance! La reconnaître est un premier pas indispensable. Il s'agit a minima dans un premier temps de faire en état des lieux. Dans reconnaître, il y a connaître (=savoir que quelque chose existe).

Il s'agit bien évidemment de reconnaître les êtres (et leurs ressentis) plutôt de les faits, (qui eux appellent des solutions).Il convient donc de distinguer

• la situation
• celui qui la vit
• ce qu'il ressent ... pour aller rencontrer l'être qui ressent
  

L'objectivité est indispensable pour analyser les faits et apporter des réponses concrètes. Dans le monde psychique, c'est la subjectivite qui domine: c'est elle qui concerne le sujet! C'est ce ressenti subjectif qui demande à être reconnu, plus que compris ou analysé.

La reconnaissance permet à l'être qui appelle d'exister.

Les Êtres, dans une circonstance éprouvant un ressenti. Ne pas confondre

• les circonstances (l’évènementiel), ⇒ domaine de la solution
• les Êtres (l’existentiel) ⇒ Domaine de la reconnaissance
• le ressenti (l’émotionnel).

La reconnaissance touche l’existentiel et les besoins fondamentaux de l'être.

L'être regardé par autrui, qui est touchée de le voir, éprouve sa propre légitimité au monde. La reconnaissance s'accomplit quand l'interlocuteur est touché (et non pas affecté) et le manifeste.

La "thérapie" revient bien souvent à rétablir l'état communicant au sein de la psyché. La reconnaissance de ce qui est là en est un maillon essentiel.

La reconnaissance (et la validation de ce qui est) permettra de considérer le symptôme, non comme un dysfonctionnement, mais comme un fonctionnement, comme le signal que quelque chose se passe qui demande à être entendu (reconnu). Rappelons que le mot symptôme contient le préfixe "sym" qui indique l'idée de deux choses se passent simultanément: le signal ET un être à rencontrer. Supprimer le signal revient à se couper de la possibilité de se relier à soi-même!

Reconnaître la pertinence du symptôme, c'est transformer un "dysfonctionnement" en opportunité. Ainsi, il sera possible de reconnaître (rendre leur place) aux ressentis et aux êtres qui se manifestent ou qui appellent la conscience et que le symptôme a pu mettre en évidence.

Le symptôme puise sa source dans l'accomplissement d'un projet de reconnaissance (des êtres, et non des faits…). Le symptôme n'est pas là "à cause" des faits passés, mais "spécialement pour" permettre la reconnaissance due aux être qui ont été écartés de la psyché lors du clivage. Le travail du praticien consiste à rendre ce signal audible chez le patient et à lui permettre d’accomplir la reconnaissance tant attendue au lieu de chercher à supprimer le signal que constitue le symptôme.

La reconnaissance ne se porte pas vers la souffrance (affect et désolation), mais vers l'être qui a vécu cette souffrance (joie d'une rencontre). Subtilement, il ne s’agit pas de dire « Je vois à quel point tu as souffert », mais « Je te vois, toi qui a souffert à ce point. Sois le bienvenu. Je me réjouis de te retrouver ».

L'être peut alors se nourrir de cette reconnaissance qui lui ouvre un espace pour exister (enfin…). L'apaisement peut se produire, sans avoir été recherché.

La reconnaissance donnée par le praticien concerne deux pôles :

• 1/Le patient qui consulte (avec ses besoins et ses ressentis éprouvés) ;
• 2/L’Être identifié grâce au symptôme (avec ses besoins et ses ressentis éprouvés).