LE SUJET, C'EST MOI

 

Elle évoque une parole blessante.

Les sentiments induits, d'abord flous se précise: injustice, colére. Et plus loin, plus profond tout là-bas on découvre la racine qui est touchée. Il y a une insécurité fondamentale à oser regarder ce qui est blessé. Cela touche à l'existence, à la survie, à la rason d'être.

Alors, nous prenons du champ.
Nous regardons juste celle qui a du mal à regarder ce qui est si terrifiant. Et c'est bon. Il y a cette souffrance terrible qui prend tout l'espace. Enfin, presque tout: il reste de la place pour celle qui ne peut pas la regarder. Il reste encore de la place pour celle qui regarde l'ensemble de la scène.

L'étau se desserre. Un espace stable, distant mais pas coupé, se crée. L'alignement, la verticalité s'y ressentent. La blessure n'a pas disparu pour autant ET il y a encore de la place pour exister en paix.
Cette sérénité se laisse goûter. Tout va bien.

Pour terminer, je propose d'aller revisiter la scène initiale, celle où cette parole blessante a été infligée.

Un vent de panique souffle. Tout se brouille à l'idée de quitter ce hâvre de paix.
On a le droit de ne pas le quitter. On peut faire le choix qui convient.
Cette possibilité de ne pas faire libère. Le choix peut avoir sa place. La question peut se poser en paix: le pouvoir d'accepter ou non la proposition ouvre. Il devient possible d'oser regarder la scène du départ, regarder la personne qui a posé cette parole si dure. Celle qui fait le choix d'aller voir sait que ce choix lui appartient. Elle a l'assurance qu'elle peut décider de faire machine arrière à tout instant.

Et soudain, la vérite fait irruption: Le sujet, ce n'est pas celle qui a eu des mots blessants. Le sujet, c'est moi. Le sujet, c'est celle qui a été blessée si fort par ces quelques mots. Toute l'attention se tourne vers elle. tout l'amour aussi. Des bras se tendent pour accueillir, pour réconforter. Celle qui a été blessée une fois de plus, une fois de trop est enfin accueilli dans un nid de douceur. Elle est si petite, si fragile. Elle a tant soufert. Elle est aussi si forte pour avoir traversé toute ces épreuves.

Un renversement s'opère, évident, imprévisible. Celle qu'on aurait voulu protéger devient un mentor, un guide. Elle devient une force. Force de vie qui aide à aller de l'avant, alignée et posée!