UN CALIN DE MON CORPS.
Il est assis, devant moi. Il est occupé par des sentiments tristes. Il et occupé comme peut l'être un pays par une puissance étrangère. Son corps est presque complètement occupé, envahi. Seuls quelques ilôts (un genou, un bout d'épaule) ne semblent pas concernés.
Nous restons avec cette double sensation. un corps envahi et des ilôts plus préservés.
Cette attention portée au corps permet de percevoir un geste presque machinal. Involontaire. Un pouce se frotte contre l'autre. A son insu. Comme un timide câlin minuscule.
Nous regardons celà.
C'est chaud, doux, rassurant. Nous l'accueillons. Cela devient conscient.
Alors les mains se touchent. Nous les laissons faire. Elles se frottent. Fort. Elles se serrent. Et ça dit "je me prends par la main", "je ne me lâche pas". C'est bon de sentir la confiance en soi monter, de sentir qu'un appui est possible
Peu à peu, le corps lui-même se tasse, s'arrondit. Il se rassemble comme un cocon autour de cette braise naissante. Il prend soin. Tout seul.
Le corps sait toujours ce qu'il fait. Il sait ce qui est bon pour nous.
Nous laissons ce recueillement être. Ca parle de prière, de communion. Des douleurs présentes depuis quelques jours fondent doucement.
Des images émergent. Apparemment incongrues, sans lien. Nous laissons venir ce qui demande à être.
Il a toujours les yeux fermés.
Pami ses histoires, parmi ses images un arbre s'invite. Un bel arbre, solide, qui a grandi dans les ruines d'un sol abandonné.
En évoquant cet arbre, le corps se redresse. Les bas s'étirent jusqu'au ciel. Le visage s'éclaire d'un sourire
Avec ce câlin, le corps se libère lui-même de l'occupant initial.
Magie de la douceur...