Enfant, Paul s'est senti "maltraité" par une institutrice qui portait un chignon.

Plus tard, il développe des comportement agressifs face aux femmes qui portent un chignon, alors qu'elles n'ont rien fait pour induire un quelconque agacement. Elles peuvent même en prendre ombrage, et la relation en pâtit.

Si Paul ne fait pas le lien, il risque de ne pas comprendre et de se promettre de ne plus se mettre en colère face aux femmes à chignon, mais "c'est plus fort que lui".

Paul reproduit, face à toutes les femmes à chignon, l'attitude que devait avoir le petit garçon face à cette enseignante menaçante. Le souvenir est oublié, l'émotion vécue par le petit garçon est aujourd'hui bien présente. La vie a fait ce qu'il fallait pour oublier l'incident car  il faut avancer, pas pour le traiter.

L'adulte éprouve aujourd'hui l'émotion, toujours présente ( injustice, crainte ...), éprouvée par le petit garçon, qui n'a jamais pu être entendue.

Cet agacement est un symptôme qui nous montre la voie vers ce qui a besoin d'être reconnu.

Face à un tel mirage relationnel, il n'y a que 2 solutions:

• Eviter les déclencheurs (ne plus jamais avoir affaire aux femmes à chignon)
• Développer une qualité d'accueil dans la zone de rupture qui se trouve en soi (intégration) (accueillir, aller à la rencontre des émotions que les femmes à chignon me font vivre)

En clair,

• soit Paul évite les chignons comme la peste,
• soit il se réconcilie enfin avec cette enseignante (= retrouver le sens que sa réaction avait pour elle) et il donne son attention à cet enfant qu'il a été au lieu de l'oublier.

En réalité, c'est plus compliqué. L'enseignante était dans une classe, avec peut-être une odeur de craie, un bouquet de fleurs sur son bureau, une couleur sur les murs. Chacun de ces éléments peut faire partie du "mirage". Chacun peut réveiller tout ou partie du sentiment éprouvé par le petit garçon… Les facteurs de réactivation sont multiples. Le même mirage peut revenir sous des habits différents. C'est à chaque fois une invitation à une nouvelle rencontre.

La constance de sa répétition (qui ne connait personne qui après une rupture sentimentale, rencontre un nouveau conjoint qui ressemble à l'ancien ?) me montre que je suis réellement prêt à tout pour réactiver mes mirages, et trouver les moyens de la réconciliation!

2 possibilités

• Réaliser la réconciliation à laquelle il me renvoie
• Placer mon attention sur l'individu plutôt que sur le personnage

L'attention sur l'individu

Porter l'attention sur l'apparence physique (vêtements etc) ou mentale (idées …) crée de la résonance en moi, par comparaison, par différenciation. Nous sommes comme 2 cordes d'un instrument qui vibreraient à la même note. Mon intérêt se porte sur l'information. Je suis en relation, mais j'ai peu conscience de la personne.

Ainsi, Paul peut réagir COMME SI son interlocutrice du moment était son enseignante passée

A l'inverse si je tourne mon attention vers l'individu, ses messages passent au second plan. Je communique: je suis ouvert.

Dans ce cas, Paul entre en communication avec l'individu présent devant lui à ce moment, et non plus avec un mirage

Plus je me manifeste en tant qu'individu, plus j'écoute l'autre en tant qu'individu, avec une attention sans condition et moins je suis vulnérable. La résonance d'individu à individu est toujours confortable.

Cette posture permet à tous les deux de s'offrir la possibilité d'accéder à un processus de réconciliation à soi-même.